Xpace and the Ego
1945
Xpace and the Ego
1945
Chilien d’origine, Matta rejoint en 1936 le mouvement surréaliste. Est-ce un monde de science-fiction, une image de guerre qui nous est présentée ? En tout cas, une nouvelle image de l’homme, entre pulsions de vie et de mort, se débattant sans repères, au cœur d’un désastre. Un même mouvement lacère l’homme et l’univers fait de lignes souples et nerveuses, de traces de brosse ou de chiffon. La jeune génération new-yorkaise sera influencée par cette liberté de geste.
Domaine | Peinture |
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Technique | Huile et pigments fluorescents sur toile |
Dimensions | 202,2 x 457,2 cm |
Acquisition | Achat, 1983 |
N° d'inventaire | AM 1983-94 |
En salle :
Musée - Niveau 5 - Salle 24 : Max Ernst / Matta
Informations détaillées
Artiste |
Matta (Roberto Antonio Sebastián Matta Echaurren, dit)
(1911, Chili - 2002, Italie) |
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Titre principal | Xpace and the Ego |
Date de création | 1945 |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile et pigments fluorescents sur toile |
Dimensions | 202,2 x 457,2 cm |
Acquisition | Achat, 1983 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1983-94 |
Analyse
Chilien d’origine, architecte de formation (à Paris en 1933-1935, il fut l’élève notamment de Le Corbusier), Roberto Matta rejoint, en 1937, le mouvement surréaliste, attiré tout autant par la fiction de l’auteur du Grand Verre que par les objectifs révolutionnaires et utopistes d’André Breton. En réalité, à la veille de la Seconde Guerre mondiale et tout au long des années 1940, il va en incarner le renouveau, répondant à l’objectif d’un « nouveau mythe pour l’homme moderne », dont Breton lance l’appel en 1943 : avec les deux autres grandes toiles de l’année 1944-1945, Science, conscience et patience du vitreur (coll. part. ) et Être avec (New York, Metropolitan), Xpace and the Ego (dévoilé chez Pierre Matisse à New York, lors de l’exposition « Matta. Paintings, 1944-1945 », 12-31 mars 1945) met en scène le mythe (duchampien) du « Grand Transparent », symbole de l’impuissance – et de la révolte – de l’homme face aux désastres d’ordre naturel, moral et politique. Soumise aux pulsions contraires d’Éros et de Thanatos, sa figure de quasi-science-fiction, une nouvelle image virtuelle de l’homme est offerte – corps totémique, membre squelettique, gueule crispée en un étau de serres, sexe érigé – qui se débat, se dissout dans un espace vidé de ses repères : une même force rotative folle lacère homme et univers. L’exploration de l’espace, que Matta définit, dès 1938, comme une « architecture du temps », constituera, aux yeux de Duchamp, la contribution la plus importante du peintre : « Matta suivit les physiciens modernes dans la quête de son espace neuf qui, bien que décrit sur la toile, ne devait pas se confondre à une nouvelle illusion tridimensionnelle » (M. Duchamp, « Matta peintre », cat. exp., Paris, 1985, op. cit. , p. 278).
Les éclaboussures et effacements au chiffon, spécifiques de Xpace and the Ego , proviendraient de la modification d’une peinture sous-jacente intitulée le Vitreur (reproduite dans l’édition de 1945 du Surréalisme et a peinture de Breton), pour laquelle Matta se serait vu reprocher par Breton et Ernst de donner une « forme trop humaine » au mythe nouveau du « Transparent ». Si la spontanéité et la rapidité « automatiques » de la facture, très graphique – lignes en lasso continu et nerveux, coulures, traces de la brosse ou du chiffon – ont pu montrer à la jeune génération new-yorkaise – Baziotes, Gorky, Rothko, Pollock, Motherwell, De Kooning, etc. – la voie de l’automatisme gestuel, du travail tactile de la matière et de la libération du champ pictural, la « geste » que Matta développe ici des différents « états d’existence » de l’Ego contemporain annonce son engagement total dans la réalité sociale et historique de son temps.
Agnès de la Beaumelle
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007