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L'Échiquier, grand

1959

Germaine Richier

Sur de grands socles à hauteur de regard, les cinq pièces maîtresses du jeu d’échecs sont métamorphosées : le roi à la tête d’arête tient un compas de sculpteur, la reine lève des bras-branches, le fou est doté de cornes et d’une petite queue, le cavalier d’un museau d’hippocampe et la tour est posée sur un trépied.

Dernière œuvre majeure de Germaine Richier, réalisée quelques mois avant sa mort précoce en 1959, le plâtre polychrome L’Échiquier, grand apparait rétrospectivement comme une formidable synthèse de sa création. Elle utilise ici le procédé de l’agrandissement, puisque cette œuvre est créée à partir d’une version plus petite de 1955.

On retrouve aussi la thématique du jeu déjà présente dans Le Diabolo ou La Toupie, le fantastique, l’hybridation de l’humain avec le monde animal et végétal, l’intégration d’objets, l’animation de la sculpture par la couleur. La libre disposition suggère la mobilité des pièces : l’œuvre prend la forme d’une installation au sein de laquelle le spectateur peut déambuler. Il n’y a donc pas de dualité entre l’espace de l’œuvre et l’espace réel.

 

Au cours des années 1950, la couleur prend peu à peu une place cruciale dans le travail de Richier. L’artiste demande d’abord à ses amis peintres, tels Maria Elena Vieira da Silva, Hans Hartung et Zao Wou-Ki, de colorer les fonds de certaines pièces. Ensuite, elle peint et émaille elle-même ses sculptures, comme c’est le cas pour L’Échiquier, grand. La couleur modifie la vision de cette œuvre moins creusée et déchiquetée que la plupart des créations de Richier. Les formes colorées remplacent les percements et les pleins, les lignes soulignent la structure des figures ou mettent en valeur certains détails. 

 

Le Musée national d'art moderne possède une version en bronze de L'Échiquier, grand (1959), exposée au jardin des Tuileries.


Pour aller plus loin

L'Échiquier, grand, 1959
Plâtre peint d'origine
Tate Modern, Londres

 

L'Échiquier, grand, avril 1959
Bronze, patine sombre
Musée national d'art moderne–Centre de création industrielle, Paris
En dépôt au Musée du Louvre, Paris, depuis 1998