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Nu

[1942]

Germaine Richier

Dès ses débuts, l’art de Germaine Richier est centré sur la figure humaine. Formée au métier classique de la sculpture à l’École des beaux-arts de Montpellier puis à Paris, dans l’atelier d’Antoine Bourdelle, Richier travaille tout au long de sa vie d’après modèle vivant. Elle s’attache à saisir l’intensité de l’humain à travers l’exercice du nu et du modelage expressif de la terre. Les portraits et les nus constituent la part majeure de son œuvre dans les années 1920 et 1930 et lui assurent ses premiers succès.

 

Dans ce Nu de 1942, le jeu des pleins et des vides dessiné par les ouvertures des bras et des jambes témoigne d’une conception de la sculpture comme « trous et bosses » héritée de Rodin. Si cette pièce n’a pas encore l’aspect écorché que Richier façonnera pour certaines de ses sculptures après la guerre, elle témoigne déjà de la volonté de dépasser l’illusionnisme pour laisser visible la vérité du travail sculptural.

Malgré l’aspect lisse et réaliste du corps, la tête de Nu conserve l’empreinte de la main qui pétrit la terre, comme pour mieux saisir la vie intérieure du modèle. Le visage rendu flou nous renvoie à l’intériorité même de la sculpture.

 

Le sculpteur César, grand admirateur et proche de Richier, souligne également cette vie intérieure : « Ses sculptures sont toujours très ‘internes’, toujours très fortes du dedans. […] Germaine, c’est comme si tu coupais une langouste en deux : il se passe beaucoup de choses dedans. »


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