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Image et identité

L'architecture du Centre Pompidou

Un bâtiment emblématique du paysage parisien

« Au cœur de Paris, un cœur : un muscle, une pompe aspirante et refoulante, aux battements ininterrompus, animant sans repos, régulièrement, moins régulièrement parfois, aux moments d’émotion et de fièvre, un corps en forme d’hexagone […] : voilà ce que devrait être, serait, sera, est déjà le bâtiment Beaubourg. Moins donc un monument, que, s’il faut inventer ce mot : un moviment. »1

Francis Ponge

 

Objet de polémiques, souvent surnommé « Notre-Dame des Tuyaux », « la raffinerie » ou « l'usine à gaz », le Centre Pompidou conquiert trés rapidement son image de marque grâce à son célèbre escalator, ses couleurs vives et son logo iconique. Il devient un bâtiment emblématique du paysage parisien.


La chenille

Les escalators du Centre Pompidou forment une diagonale qui court sur toute la façade ouest. Ils sont recouverts d’un tunnel en verre et en métal

  • Surnommée la « chenille », cette succession d’escaliers mécaniques permet d’accéder à tous les niveaux du bâtiment. 
  • On découvre au fil de la montée un panorama magnifique sur Paris. 
  • Au niveau 6, on atteint le Belvédère, une plate-forme vitrée suspendue donnant sur la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’Hôtel-de-ville, la Fontaine Stravinsky, l’église Saint-Merri et le bâtiment de l’Ircam.
  • En 2022, les escaliers mécaniques et les parois vitrées ont été remplacés pour un meilleur confort thermique et une meilleure visibilité.

Le code couleur

4 couleurs pour 4 fonctions essentielles

« Nous avons alors décidé que les couleurs devaient être […] codifiées. Et selon le code, le rouge indique ce qui bouge, le jaune l’électricité, le bleu l’air, et le vert l’eau. Et voilà la solution. »

Renzo Piano

 Le bleu pour l'air 

Pour que le bâtiment fonctionne, il faut lui apporter de l'air. Quatre tours de refroidissement, installées sur les toits, servent à la climatisation. 

  • Tous les tuyaux d'air sont identifiés par la couleur bleue. Leur circulation est organisée sur la façade arrière du bâtiment. À l’intèrieur du bâtiment, les tuyaux d'air parcourent tous les plafonds à chaque étage pour chauffer ou climatiser les espaces, selon les saisons. 
  • Les prises d’air et les tours de refroidissements sont de couleurs blanches.
  • Pour alimenter les sous-sols, des prises d'air, semblables à des trompes d'éléphants ou à des manches à air, émergent le long de la Piazza et de la rue du Renard.

 Le vert pour l'eau 

La couleur verte est associée à la circulation de l’eau, autre élément indispensable à la vie du bâtiment.

  • Elle sert ici à la climatisation, mais aussi aux sanitaires et aux bornes incendie
  • Sur la façade est, les tuyaux verts côtoient les tuyaux bleus, tandis qu’à l’intérieur du bâtiment, ils sont fixés aux plafonds.

 Le jaune pour l'électricité 

La couleur jaune caractérise la fonction énergétique du bâtiment.

  • Elle s'applique aux transformateurs, chemins de câbles, fibres optiques, gaines
  • L’essentiel de l'équipement est à l’extérieur, sur le toit ou sur la rue du Renard.
    À l’intérieur, les câbles sont protégés par des grilles jaunes qui parcourent le bas des escaliers et aussi les plafonds pour alimenter les sources lumineuses notamment.
  • L'électricité sert pour l'éclairage, mais aussi pour faire fonctionner les ascenseurs, les monte-charges et les escaliers mécaniques, ainsi que tous les appareils connectés. 

 Le rouge pour les personnes et les œuvres 

  • Les escaliers mécaniques et les ascenseurs qui permettent au public d'accéder aux différents espaces sont rouges. 
  • Sur la façade est, coté rue du Renard, les monte-charges et les ascenseurs destinés aux agents et au transport des œuvres le sont également. 
  • Sur la façade ouest, côté Piazza, sont peintes de cette couleur les coursives et la chenille

Le logo

En 1974, alors que les travaux du Centre Beaubourg ont commencé depuis deux ans, une première consultation est lancée pour donner une image de marque à cette nouvelle institution. Parmi la quinzaine de participants, Jean Widmer est retenu pour créer une identité visuelle avec un code couleur précis pour chaque espace. Le logo est commandé trois mois avant l’inauguration du Centre Georges Pompidou.

Jean Widmer trace le logo en s’inspirant de la façade et de l’escalator. Il avouera avoir griffonné celui-ci sur une nappe de restaurant : « C’est le logo que j’ai dessiné le plus vite de toute ma carrière, je l’avais déjà en tête »2.
Des deux versions qu’il propose – avec cinq ou six bandes –, c’est celle avec six bandes qui est d’abord sélectionnée. En octobre 2019, le logo évolue en adoptant la version à cinq bandes


En quelques traits, Jean Widmer est parvenu à signifier toute la structure du Centre Pompidou : les plateaux libres et la chenille. Tout le génie de ce logo tient dans l’épure des lignes pour symboliser l’architecture du Centre Pompidou. L’image a pu ainsi s’imposer dans l’esprit des visiteurs.


Pour aller plus loin

Jean Widmer en 7 dates

 

1929 Naissance à Frauenfeld (Suisse)

1946-1950 Formation à l’école des arts appliqués de Zurich (Suisse) 

1959-1961 Direction artistique des Galeries Lafayette

1969 Ouverture de l’agence Jean Widmer, renommée par la suite Visuel Design

1989 Création de la typographie bi-89 pour le bicentenaire de la Révolution française

1994 Adaptation de la signalétique des Aéroports de Paris

2017 Lauréat du Grand Prix suisse du design à Bâle
 


Coulisses, « 40 ans après, les secrets d’un logo devenu mythique », 10 novembre 2020, article
Rencontre avec Jean Widmer et Philippe Apeloig, 2017, vidéo, 86 min.
 


Citations :

1. Francis Ponge, L’Écrit Beaubourg, Paris, Éditions du Centre Pompidou, 1977

2. « 40 ans après, les secrets d’un logo devenu mythique » in Le Magazine, 10 novembre 2020