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Marcia Kure

The Three Graces, 2014

 

L'œuvre

Présentée pour la première fois en France lors de l’exposition « Global(e) Resistance » (Centre Pompidou, 29 juillet 2020 - 4 janvier 2021), cette installation fait référence au tableau de Raphaël Les Trois Grâces, peint en 1504-1505. Marcia Kure s’inspire du mythe chanté par le poète Hésiode où les trois déesses Aglaé (la splendeur), Euphrosyne (la joie) et Thalie (l’abondance) constituent ensemble un idéal de beauté. L’artiste rend ici hommage à trois figures féminines exceptionnelles et oubliées de l’histoire africaine : les Mino ou Amazones du Dahomey (17e-19e siècles), la reine Nandi kaBhebhe (1760-1827) et Funmilayo Ransome-Kuti (1900-1978), activiste féministe nigériane et mère du musicien Fela Kuti. Toutes trois incarnent pour Marcia Kure l’idéal de la femme combattante et puissante.

Choisissant de faire abstraction de leurs corps, c’est à travers des attributs qu’elle choisit de célébrer leur mémoire : boucliers striés, perruques afro funk et pièces de feutre cousu. Kure utilise le vêtement comme une métaphore du corps. Son installation Three Graces est conçue comme un triptyque. Sur le mur de gauche de l’installation, la forme grise en tissu ressemble à un gigantesque clitoris au milieu duquel est fixé une perruque rose, tandis que la paroi centrale est recouverte d’une pièce de feutre perforée avec un bouclier de combat et une perruque rouge évoquant le sang. Le mur de droite, presque vide, avec au centre un bouclier circulaire au-dessous duquel gît une perruque brune, rappelle peut-être le destin tragique de Funmilayo Ransome-Kuti, femme politique, militante pour les droits des femmes, défenestrée en 1978 au cours d’un assaut militaire en représailles à la chanson antimilitariste Zombie, de son fils Fela Kuti. 

 

L’œuvre a été acquise en 2016 par le Musée national d'art moderne, soit deux après sa création. 


Biographie

Née en 1970 au Nigeria, Marcia Kure grandit dans un environnement emprunt d’un riche artisanat nigerian qui a profondément influencé son art. Elle se forme à l’université de Nsukka au Nigeria, notamment auprès du peintre Obiora Udechukwu (né en 1946) et poursuit ses études aux États-Unis.

Marcia Kure s’est très rapidement imposée comme une figure majeure grâce à sa capacité à mélanger différents médiums comme la peinture, la sculpture, la photographie et l’installation. Elle fabrique des corps composites qu’elle répare et recoud comme un acte cathartique. Elle s’inspire notamment de la peinture traditionnelle nigériane et des tissus brodés et tissés tout en les confrontant aux références formelles et mythologiques de l’histoire de l’art qu’elle revisite. Son travail se caractérise par une exploration des thèmes de la migration, de l’identité de genre et de la mémoire.

 

À travers une œuvre polymorphe, dont l'impact dépasse les frontières nationales et culturelles, Marcia Kure continue d'inspirer des générations d'artistes. Elle vit aujourd’hui à Princeton aux États-Unis et son œuvre est exposée dans des galeries du monde entier, de Lagos à New York en passant par Paris. Elle a reçu de nombreux prix et distinctions pour son œuvre significative de la scène artistique contemporaine internationale.


Pour aller plus loin

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Marcia Kure à propos de Three Graces, exposée à la 1re Biennale de Rabat, 2019

Durée : 1’39